Jailoos et glaciers
A force de côtoyer ces magnifiques chevaux kirghizes, l'envie m'est venue de grimper dessus. Au mépris du danger et des douleurs postérieures pour quiconque n'est pas habitué à l'équitation, j'ai profité de cet élégant mode de déplacement pour monter au jailoo de kol (lac) Ukok.
Comme j'arrive à la yourte, la famille qui m'héberge s'affaire justement à la traite des juments.
Pour qu'elles ne s'éloignent pas durant la journée, les poulains sont attachés près de la yourte. Le lait sert exclusivement à faire le koumiz : le lait fermente quelques jours dans un tonneau. Ca a un goût de fromage, c'est aussi aigre et fumé. Les bergers, au cours de la montée, m'en ont offert, impossible de s'habituer au gout.
Comme mon guide voulait acheter un mouton et redescendre avec, toute la famille s'y est mise. Altimbek, le père, est allé choisir l'infortunée brebis dans le troupeau (une de moins sur 463, ça ne se voit pas).
Tout est bon dans l'mouton. Pendant que Zalkar, le fils, nettoyait la panse à grande eau dans la rivière, Kenjegul et Nurcia, la mère et la fille, nettoyaient les intestins.
Quand j'ai vu le résultat et qu'ils m'ont demandé si j'étais végétarien, un doute m'a traversé...
Finalement, le foie de mouton, c'est pas si mauvais. Et impossible de faire plus frais.
Pour que les petits ne mollissent pas trop pendant les vacances, je profite des soirées pour infliger des cours de maths (jusqu'à la multiplication, j'arrive encore à corriger) et des cours d'anglais avec les objets du quotidien, ça pourra servir à accueillir les touristes suivants.
Ils se vengent en me mettant une pilée aux cartes.
En me frayant un passage au milieu des troupeaux de chevaux qui encombrent les alpages, je parviens au kol Kor.
De la, il me semble apercevoir un verrou rocheux où jaillit une cascade. Il dissimule un petit lac ou vient s'échouer un glacier.
Le glacier n'étant pas trop raide, je peux le remonter sans crampons sur quelques kilomètres jusqu'à un col.
Au retour, mon petit taxi vient me chercher à cheval car la rivière est gonflée par la fonte des glaciers.
Je pensais faire l'aller-retour jusqu'a ce jailoo pour monter voir le lac et finalement je reste quatre jours dans cette accueuillante famille.
Chaque jour, il y a la traite des juments, des vaches pour faire de la crème en centrifugeant le lait. Les enfants et les parents travaillent du lever au coucher du soleil, toujours souriants, toujours de bonne humeur.
Il doit y avoir une substance euphorisante dans le koumiz.
Ou alors est-ce l'endroit?
Dur de redescendre de ce petit nuage vert.