Les côtes de Tasmanie

Après une semaine de trek dans le centre de l'île, nous louons une voiture pour explorer les autres régions de Tasmanie, sachant que la partie sud-ouest est quasiment inaccessible. La traversée de Hobart vers l'ouest se fait sous une pluie de plus en plus soutenue.

Le paroxysme de l'épisode pluvieux correspond à notre arrivée dans la ville minière de Queenstown. Des torrents d'eau et de boue nous accompagnent dans la descente au milieu des collines rabotées par les excavateurs. Dans le centre ville, la consanguinité bat son plein. Les visages sont trop ronds, les yeux trop étroits et trop vides. J'ai l'impression d'entendre les notes de banjo de Délivrance et nous fuyons au plus vite.

A Stahan, le lendemain, nous retrouvons le soleil qui restera notre compagnon de voyage pour le reste de la semaine. La route qui longe la côte est très peu fréquentée, elle n'est donc pas goudronnée sur de longues portions. Si des ponts enjambent les petits cours d'eau, il nous faut emprunter le bac pour traverser la principale rivière.

Alors que la côte ouest offre des plages sans limite bordées de dunes et de forêts semblables aux Landes, la côte nord est rocheuse et l'on peut grimper sur des promontoires pour admirer les eaux limpides. Sur le "Nut" de Stanley, il y a même un télésiège pour que tout le monde en profite.

La côte orientale est découpée de baies et de caps spectaculaires. La Bay of Fires est une succession de plages de sable blanc séparées par d'énormes blocs rocheux. C'est un paradis pour les campeurs.

Il faut marcher quelques heures à travers la péninsule de Freysinet pour arriver à Wineglass Bay. Un peuple moins civilisé aurait peut-être baptisé cet arc de cercle parfait Horseshoe Bay mais l'heureux Tasmanien a la culture viticole (nous avons pu croiser d'honorables sauvignon, chardonnay et autre pinot noir sur notre route).

A force de voir des pademelons (petits kangourous) écrabouillés le long des routes (règle numéro 1 : ne jamais conduire la nuit en Tasmanie), mon frère en prend un en pitié et veut le protéger des coups de soleil car il a entendu parlé du trou dans la couche d'ozone dans ces régions australes. Il arrive cependant assez vite à la même conclusion que moi : la crème solaire n'est pas compatible avec une pilosité développée.

Quand le soleil baisse sur l'horizon, l'ami de la nature peut rester dans le froid et attendre les petits pingouins bleus qui reviennent de la pêche et rentrent à leurs nids.

Mais l'activité culturelle à laquelle nous nous sommes attachés était de déterminer laquelle des deux bières locales (la Cascade dans le sud ou la Boag's dans le nord) était la meilleure. Rédigeant cette chronique quelques mois plus tard, j'avoue ne plus me souvenir du résultat des délibérations, il faudrait y retourner pour goûter à nouveau.