Cent bonheurs à Patara
Voyager en Turquie est d'une simplicité enfantine. Les dolmus (taxis collectifs de 15 pers.) relient les petites villes. Puis on saute dans un bus plus gros qui vous emmène à la ville d'après. Entre les deux, les gens vous guident, vous conseillent. Pour rejoindre le dernier petit village, dès qu'on tend le pouce, une voiture s'arrête. Dans le bus, un stewart vous propose des boissons, des serviettes pour vous rafraîchir. Pendant un arrêt, le chauffeur m'offre le thé puis, alors que tout le monde est descendu et qu'il nous reste une heure de trajet, des biscuits. Pas de mercantilisme comme certains sous-entendent quand ils se voient offrir le thé, de la pure gentillesse.
De Pamukkale à Fethiye, la route serpente dans les montagnes, à travers des forêts de pins où coulent de clairs torrents. On croise des élevages de truites. L'hiver, cette route peut être couverte de neige (on passe à 1600m) mais en cette saison, le neige s'est retirée sur les sommets qui nous dominent.
Tout se goupille bien, les bus s'enchainent, partent et arrivent à l'heure, 320km pour 12€, la SNCF pourrait venir faire des stages ici.
Arrivé à destination, je pars vers la plage. Le village est tourné vers le tourisme et la culture en serres (tomates, courgettes, poivrons). La route est bordée d'eucalyptus et de mimosas. Grâce au vent tempétueux qui balaie la côte, je m'offre un gommage (une abrasion plutôt) au sable fin de cette plage de 20km. Du haut des falaises, la vue est fantastique, les vagues se fracassent au pied et le vent lève des embruns que le soleil irise.
Hier, c'était vestiges et thermalisme, aujourd'hui plage et vestiges pour changer.
Je me retrouve seul sur le site et, grâce à l'aisance sur le rocher qui me caractérise :-), j'essaie de monter un peu partout sans faire tout écrouler ni prendre de but. Le théâtre est petit mais, seul sur la scène, à penser qu'il y a (presque) 2000 ans se tenaient là des acteurs et un public (en toges) m'impressionne (vous me direz qu'il m'en faut peu!). Il y a, outre le théâtre, des thermes, une petite agora, un arc de triomphe à trois arches et une basilique. Sur le chemin du retour, près du village actuel, une petite nécropole et les restes d'installations qui devaient être portuaires avant que la mer ne se retire à 2km de là.
Des femmes qui gardaient leurs vaches au milieu des vestiges rentrent chez elles dans les derniers rayons du soleil ; les grenouilles attaquent leur concerto.
Et comme cent bonheurs n'arrivent jamais seuls, comme il fait un peu frisquet, Kazim, mon hôte, m'invite à partager la chaleur de son foyer. Parents, beaux-parents, enfants (le fıls de Kazim est presque conscrit avec mon petit Hugo), femme et soeur. Tout le monde se met a table (à la mode turque, sur une table basse) et on pose devant moi une superbe daurade grillée.
Il ne manquait que vous pour partager ça avec moi et le bonheur était complet.
Les draps frais m'attendent, j'espeère vous écrire bientôt tout le bonheur que j'ai à voyager.